L'apprivoisement d'une mère

72 heures, 15 couches, 12 biberons, 13 heures de sommeil en 3 jours, 384 larmes dont quelques une de la mère et 1224 cris à 120 décibels plus tard nous commençons à sentir le calme après la tempête. Ça va beaucoup mieux, mais voici le récit des derniers jours.

1er 24 heures
Éloïse a réagi très fortement à ce changement de vie. Elle a décidé d'abord de s'accrocher à son nouveau papa mais à la seule condition qu'il soit debout et qu'il la tienne debout, sinon cris et larmes. Nous avons donc connu 2 jours de petits cris dès qu'un changement de position corporelle arrivait. Elle refusait que je la prenne, c'est très difficile pour une mère mais aussi pour le père qui ne s'attendait pas à être papa en solo. Aucun moyen de la déposer même pour aller aux toilettes et prendre une douche.

Nous avons vite convenu que j'allais être celle qui la nourrissait même si papa la tenait pour que j'entre le plus possible en contact avec elle. Elle m'a beaucoup observé mais a très peu bu et mangé.

2e jour
Peu de changement dans l'attitude mais de plus grandes périodes de calme. Elle ne joue presque pas avec ce qu'on tente de lui donner. Nous faisons le test du porte bébé ventral qui est un échec. Martin est de plus en plus épuisé et moi aussi de ne pouvoir rien faire. Nous essayons le sac à dos et miracle, ça fonctionne et elle m'a même laissé la promener dans mon dos. Martin étant littéralement à bout de force, je l'ai prise et j'ai réussi dans la nuit à l'endormir, mais j'ai dû la coucher sur moi.

3e jour
Elle semble un peu rassurée car elle crie moins et elle commence à manger et boire son lait. Martin a pu commencer à la tenir assise sur lui à condition que son bras l'entoure. Elle joue un peu. La victoire semble proche mais je ne me doutais pas qu'une grande bataille approchait. Après avoir dormi quelques heures dans les bras de Martin, elle se réveille et je décide de la prendre, les hurlements sont au rendez-vous et elle réclame son père. Je dois persévérer, mais nos voisins de chambre ne la trouvent pas très drôle. Je pars donc avec Éloïse dans le sac à dos sur un autre étage de l'hôtel et je demande à Martin de s'éloigner. Après plusieurs minutes de marche, je fais une première tentative de la prendre dans mes bras, elle pleure. Je reprends le sac à dos puis je réessaye. Ce n'est qu'à la 3e tentative que j'ai réussi à l'endormir. Et ce matin, surprise, elle ne pleure pas et elle accepte même que je lui donne un biberon dans mes bras, grande victoire.

4e jour
Donc aujourd'hui, tout se déroule mieux. Elle a commencé à me toucher les cheveux et le nez et elle me cherche du regard. Tout n'est pas gagné mais j'ai remporté la première manche et j'en oublie que je suis épuisée car j'ai le coeur plus léger. Elle est adorable et belle comme un coeur. Je suis conquise. Je suis bien chanceuse d'avoir deux belles filles adorables.

Ce matin nous sommes allés visités une ancienne université et un centre de broderie de soie, c'est-à-dire des tableaux brodés comme de vraies peintures. Ensuite, le groupe a voté pour aller manger du Pizza Hut, je ne sais pas trop pourquoi car la nourriture est excellente partout où nous allons, en plus d'être épicée. Ce fut agréable même si la température est moche.

La Chine a changé depuis 2003. Et le plus grand changement concerne les moyens de transport. En 2003, il y avait pleins de vélos partout, plusieurs "scooters" et quelques voitures. Maintenant, il n'y a plus de vélos, mais il y a des milliers de scooters et plusieurs automobiles dont plusieurs luxueuses surtout à Beijing. Il n'y a pas suffisamment de place dans la rue, donc les scooters roulent sur les trottoirs où des autos sont en plus stationnées. C'est infernal de seulement prendre une marche car ils ont seulement le droit d'avoir des scooters électriques qu'on n'entend pas arriver en arrière de nous et qui nous klaxonnent tout le temps. Nous avons passé plusieurs minutes hier à seulement observer la gestion du traffic sur le trottoir devant l'hôtel.

La richesse se mêle à la pauvreté. Il y a plusieurs boutiques hors de prix qui côtoient les marchés en plein air de choses appétissantes et odoriférantes.

Pour terminer, voici des nouvelles de Rosalie. J'ai vu dans vos commentaires que vous vous inquiétiez de Rosalie. Elle va bien et on réussi à se parler et se voir 2 fois par jour. Je m'ennuie terriblement d'elle, j'ai d'ailleurs parlé d'elle à tout le monde du groupe. Elle m'a donné beaucoup de force et de courage simplement en m'appelant maman. Merci ma belle Rosalie, je t'aime très fort.

Nous avons reçu tous les documents manquants pour finaliser la démarche d'adoption du côté canadien et nous les avons faxé au SAI (secrétariat d'adoption internationale).

Les autres bébés du groupe vont bien. Elles vivent leur choc chacune à leur façon. C'est
très traumatisant pour elles. Naturellement, Éloïse est la plus merveilleuse du groupe. Elles est très éveillée et très vigoureuse, en plus d'avoir une bonne motricité fine.

Les photos suivront, c'est Martin l'expert. (Finalement Guy, c'est à moi que tu aurais dû donner le cours du nouvel appareil photo car Martin est trop occupé à tenir Éloïse pour prendre des photos.)

Johanne